vendredi 3 juillet 2020

Premier jet d'un roman conté (1)


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                                                LE SAUT DANS LE VIDE


Mes parents, mes amis et moi-même étions dans une carriole tirée par un cheval alors que tout explosait autour de nous. Ce n'était pas le 19ème siècle mais bien le 21ème. Un étrange siècle où toutes les valeurs d’autrefois ne faisaient plus sens…

Le cheval? On nous demandait de plus en plus d’utiliser ce moyen de locomotion à cause des problèmes exponentiels liés à la pollution. Sauf qu’autour de nous, c’était le chaos… Les réfugiés climatiques envahissaient nos villes et l’anarchie régnait dans tous les pays.

Une explosion nous stoppa net et ma mère cria de sortir très vite de la carriole. Je regardais autour de moi et vis le cheval - mon cheval! - les yeux exorbités, terrifiés, encore retenu à notre véhicule par des lanières. Je me dépêchais d’aller le détacher alors que mes amis me hurlaient de courir. L’animal, enfin délivré, parti d'un grand bond hors de la route. Je me dépêchais de retrouver la petite troupe dans une maison. Les tirs partaient de tous les côtés.

Je n’arrivais pas à démêler le bon du mauvais: qui étaient les méchants? Et les gentils? Etait-ce si manichéen? On avait tous des bonnes raisons de se battre… Peut-être…

Couchés par terre, on attendait que les tirs se calment lorsqu'une troupe armée entra dans le bâtiment et nous exhorta de sortir. Je choisis le moment qui me sembla le plus propice pour m’échapper avec ma mère, par la porte arrière. Un garde nous vit et ils décidèrent de nous poursuivre. Des toits… Nous prîmes la résolution de monter vers les hauteurs pour tenter de leur échapper… Ma mère me suivait difficilement alors que nos poursuivants gagnaient du terrain.

- Descends maman, tu n’y arriveras pas!

- Si, laisse-moi faire! Je n’ai plus le choix.

Un garde arriva derrière elle et l’attrapa par l’épaule. Je le vis maintenir ma mère à bras le corps et l’obliger à descendre alors qu’elle hurlait de toutes ses forces:

- Echappe toi! Dépêche toi!

Je détalais. Mais au bout de ce toit : le vide! Je me penchais, la hauteur était vertigineuse. En bas, je vis les reflets d’une piscine. Quant à savoir la largeur de celle-ci… 

Derrière-moi, j’entendis:

- Arrête petite! Tu ne peux plus rien faire!

Je me retournais et vis le regard glacial d’une femme qui était armée. Son sourire soulignait sa victoire. Je reculais d’un pas et vis son visage se décomposer.

- Si tu sautes, tu t’écrases…

Oui, elle avait certainement raison. Mais il restait une chance, une petite chance… si la piscine était suffisamment large…

Je reculais et sentit mon pied gauche se perdre dans le vide. Ma mère hurla et plus rien…

La douleur que je ressentis dans le haut de mon dos fut fulgurante. Je me sentis tirée par les épaules par une force incroyable et je m’évanouis…

Auteure: @delinecontent (Camille Batrosse)
Illustration: D. Favre
                                                                                                                      
 

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