dimanche 5 juillet 2020

Premier jet d'un roman conté (3)

                                                                                3

                        Une rencontre sur le point vert


 
Nous traversâmes plusieurs couloirs sombres traversés de-ci, de-là par des faisceaux lumineux. Nous étions dans une sorte de grotte d’une hauteur impressionnante. L’humidité et la chaleur se mêlaient l’une à l’autre, assez pour permettre aux nombreuses plantes de pousser: des feuilles immenses, des fleurs multicolores et des légumes gourmands explosaient dans tous les sens. 
 
         - Mais nous sommes où? fis-je éberluée

         - Tu vas vite le savoir.

L’homme m’emmena dans une immense salle où trônait une table familiale, très longue. J’entendis des voix qui se turent à notre arrivée. L’homme m’invita à m’asseoir.


- Nous te devons des explications…

Une femme au visage pommelé et doux vint s’asseoir sans jamais me lâcher du regard tandis qu’un… lion entra dans la pièce. Je ne fis aucun geste pour fuir mais mon coeur se mit à battre la chamade. L’homme sourit.


- Tiens, prends cet appareil et mets le dans ton oreille. c’est Jules qui l’a construit. Tu vas comprendre pourquoi.

Jules était un enfant de 14 ans qui, caché dans l’ombre, était jusque-là resté invisible. A côté de lui, un loup était assis et me fixait intensément. Tous ensemble, ils s’approchèrent de la table. Je mis “l’écouteur” à mon oreille. Il fallait que je me calme: ce loup et ce lion ne me disaient rien de bon malgré cet étrange apaisement que je ressentais en moi.


- Aurélien a raison, nous te devons des explications… fit le lion.

Je sursautai même si, bizarrement, je ne fus pas étonnée d’entendre le lion me parler. Soit j’étais sur Terre et je devenais folle, soit j’étais morte et je découvrais mon nouveau monde! 


La vieille dame, au doux nom de Jane, coupa la parole au lion.


- Si tu comprends ce que dit le lion, c’est que l’outil de communication que tu as mis dans l’oreille fonctionne!

Je regardais Jane avec curiosité.


- Oui, mais toi? 
 
- C’est la raison de ta venue ici… Regarde-moi attentivement.

Je la dévisageais: son long visage était ridé mais ses yeux gardaient l'ingénuité de sa jeunesse. Ses longs cheveux blancs étaient tirés en arrière lui procurant la délicatesse d’une danseuse. Elle se mit à sourire et je crus reconnaître la jeune fille qu’elle avait été. 


- As-tu remarqué quelque chose?

Je continuais mon investigation quand je vis apparaître un petit rond vert au milieu de son front. J’écarquillai les yeux.


- Mais qu’est-ce que c’est? 

- Tu as donc vu…, fit-elle énigmatique.

Le lion reprit la parole. 


- Les humains qui ont ce rond vert sont ceux qui peuvent communiquer avec nous. Pour les autres, Jules a créé cette “oreillette”. Mais toi, apparemment, tu apprendras à nous comprendre… Tous les Hommes ne le peuvent pas…

Je regardais Aurélien et découvris aussi au milieu de son front ce fameux petit rond vert. 


- Tu n’es pas ici par hasard, fit le lion. Un ami nous a parlé de toi. c’est lui qui t’a ramené ici. Il est derrière toi.

Je me retournai et découvris le cheval, mon cheval! Je me levai et m’approchai de lui, des larmes plein les yeux.


- Tu as pu te sauver?

- Grâce à toi, fit-il doucement.

J’avançais pour lui caresser la croupe mais suspendis mon geste.


- Désolée, peut-être que tu n’aimes pas ça ?

- C’est mieux que des coups de bâton, je t’assure! fit-il dans un hennissement.

Je mis ma tête contre la sienne et le serrai tendrement. Aurélien approcha.


- C’est pour ça que tu es là, fit-il en me tendant une glace. Regarde-toi.

Je pris le miroir entre mes mains: mon visage était tuméfié, mes yeux rouges et larmoyants. Je ne ressemblais à rien! 


- Je préfère ne pas me regarder, fis-je en lui rendant l’objet.
 
- Si! Fais-le ! insista Aurélien.

Je repris mon examen et vis ma lèvre fendue… J’avais vraiment souffert de ce bond en arrière. Mon regard suivit la courbe de mon visage quand il fut happé par une marque sur le haut du front… Oui! C’était un point vert… Très timide… Mais s’en était bien un! 

Je levai mon visage vers Aurélien.


- C’est quoi ça? fis-je en montrant du doigt le cercle à peine esquissé.

- Le début de ta métamorphose mais tu as encore beaucoup à apprendre avant qu’il ne soit parfaitement dessiné.

  Auteure: @delinecontent (Camille Batrosse)




      




 


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